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Sa vie, son oeuvre

Née le 26 mars 1824 à la Manufacture Royale de Bains dans les Vosges, décédée le 26 août 1874 à Fontenoy-le-Château également dans les Vosges, à l'âge de 50 ans

 

​Julie-Victoire Daubié naît le 26 mars 1824 à Bains-les-Bains, dans les Vosges, où son père occupe les fonctions de directeur dans une importante manufacture de fer-blanc. Huitième enfant de la famille, elle n’a que 20 mois au décès de son père. Madame Daubié et ses enfants rejoignent alors Fontenoy-le-Château, berceau de la famille.

 

C’est là que Julie-Victoire passera son enfance et suivra sa scolarité primaire. Elle continue à apprendre, en assistant aux leçons particulières données à ses frères. Lorsqu’elle a 20 ans, elle se présente à l’examen du Brevet de capacité, le seul diplôme ouvert aux filles et qui autorise à enseigner. Elle sera préceptrice dans de riches familles à Docelles, à Fribourg où elle apprendra la langue allemande, puis à Paris chez le gouverneur de la Banque de France où elle enseignera le programme des Lycées.

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En 1858 l’académie de Lyon met au concours la question suivante : 

Étudier, rechercher, surtout au point de vue moral, et indiquer aux gouvernants, aux administrateurs, aux chefs de l’industrie et aux particuliers, quels seraient les meilleurs moyens, les mesures les plus pratiques :

1) Pour élever le salaire des femmes à l’égal de celui des hommes lorsqu’il y a égalité de service ou de travail.

2) Pour ouvrir aux femmes de nouvelles carrières et leur proposer des travaux qui leur sont successivement enlevés par la concurrence des hommes et la transformation des usages.

 

Julie-Victoire Daubié remporte ce concours et son manuscrit sera édité sous le titre La femme pauvre au XIXème siècle. Ce livre connaîtra de nombreuses rééditions et sera traduit en plusieurs langues.

 

Pour que les femmes puissent prétendre aux emplois de la fonction publique et accéder aux études supérieures, le baccalauréat serait un précieux sésame. Julie-Victoire décide de forcer cette barrière. Pour se présenter discrètement à l’examen, il est impensable de s’inscrire à la traditionnelle ancienne Sorbonne, et c'est pourquoi Julie-Victoire se présente à la moderne et neuve université de Lyon où elle a maintenant de précieux appuis. Elle est reçue à l’examen le 16 août 1861 avec la mention passable.

La presse française salue unanimement l’exploit de cette première femme ‘’bachelier‘’. Bachelier et non bachelière, car au XIXe siècle une bachelière n’est pas la titulaire du diplôme mais une jeune fille au mœurs légères qui accompagne les étudiants.

Beaucoup de légendes ont couru sur ce premier bac féminin, le plus sage est de lire ce qu’en écrit Julie-Victoire elle-même à Elizabeth Garret-Anderson, la première Anglaise reçue docteur en médecine.

 

« En France (j'aime à le dire pour l'honneur de mon pays) l'initiative sociale nous manque ici beaucoup plus que la liberté, car j'ai pu être admise, l'année dernière, à l'examen du baccalauréat, par la Faculté des lettres de Lyon, sans faire de demande exceptionnelle. J'ai rencontré partout, pour cette innovation, une bienveillance impartiale et des sympathies généreuses, dont je ne saurais trop remercier ma patrie et mon siècle ».​

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Ville de Paris/bibliothèque Marguerite Durand

Sa notoriété de première femme bachelier lui ouvre de nouvelles portes: elle donne des conférences, rédige des chroniques. Son audience s’étend à l’étranger. Toujours soucieuse de la qualité de l’enseignement à donner aux filles, elle s’élève contre les lettres d’obédience qui autorisent les religieuses à enseigner sans aucune qualification.

Elle participe à la création du journal Le droit des femmes avec Léon Richer et Maria Deraisme puis elle se consacre aux bulletins de l’Association pour l’émancipation progressive de la femme, dont elle est vice-présidente. Ces bulletins seront publiés sous le titre L’émancipation de la femme. On y trouve tout ce qui existe ailleurs et mériterait d’être imité en France comme les enseignants itinérants d’Écosse, les ateliers italiens, la mixité américaine ou les avancées du droit de vote en Angleterre…

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Lors de l’exposition universelle qui se tient à Paris en 1867, elle se voit remettre une médaille récompensant l’ensemble de son œuvre, le témoignage d’une certaine reconnaissance.

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Durant le siège de Paris, le maire Jules Ferry convoque une commission mixte de l’enseignement où siège Daubié. Cette commission fait de nombreuses propositions qui se retrouveront plus tard dans les lois Ferry de 1879 et 1880.

La guerre terminée, Julie-Victoire Daubié décide de forcer les portes de l’antique Sorbonne en se présentant à l’examen de licence ès-lettres. Elle est admise le 28 octobre 1871 et reçoit les félicitations du ministre Jules Simon et de son chef de cabinet Eugène Manuel. Si Julie-Victoire est la première licenciée ès-lettres, en 1868 Emma Chenu, la deuxième bachelière,  avait réussi à obtenir sa licence de sciences mathématiques auprès de la faculté des sciences de Paris.

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Julie-Victoire, malade, se retire à Fontenoy-le-Château où elle commence à rédiger sa thèse de doctorat dont le sujet est La condition de la femme dans la société romaine. Hélas, elle meurt à sa table de travail le 26 août 1874 sans avoir pu l’achever. 

 

Elle est enterrée à Fontenoy où sa tombe est toujours visible.

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Aujourd’hui le nom de Julie-Victoire Daubié est souvent donné à de nombreux établissements scolaires, bâtiments universitaires ou à  des voies publiques.

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Après Julie-Victoire Daubié, le nombre de bachelières reste extrêmement réduit: on en compte 3 autres entre 1861 et 1866, puis environ 350 dans les quarante années qui suivent. Et il faudra attendre 1925 pour que le bac et les programmes scolaires soient les mêmes pour les deux sexes.

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